S21, lieu de torture secret des Khmers Rouges en plein centre-ville

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26/11/16

Aujourd’hui une visite peu commune s’offre à nous. Et pour cause, de passage au Phnom Penh au Cambodge, nous étions dans dans l’obligation de nous recueillir à Tuol Sleng 9 plus généralement appelé S21. Une visite électrochoc !

imageAlors que d’ordinaire, c’est toujours plaisant et facile pour nous décrire un petit quelque chose sur une visite que nous venons de mener, là c’est très différent. On est deux avec deux approches émotionnelles bien propres à chacun et pourtant nous partageons à cette heure ci devant notre écran vide, un mutisme prenant. Nous sommes choqués par ce que nous avons vu dans ce musée du génocide cambodgien.

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Entrée du musée du génocide cambodgien

On s’excuse par avance si les choses sont mal formulées mais pour nous trentenaires natifs de la région parisienne, cette visite est un réel choc et une prise de conscience sans précédent sur ce qu’est capable d’accomplir l’Homme quand il est question de cruauté.

 

C’était il y a à peine 40 ans, entre 1975 et 1979, sous le régime de l’Angkar (l’organisation en khmer), que Le dictateur Pol Pot et sa horde de Khmers rouges ont mené à sa perte le peule cambodgien et qu’ils ont décimé de 2 à 3 millions d’habitants en même pas 4 ans de terreur.

Vue sur le premier des quatre bâtiments et sur les tombes des dernières victimes retrouvées mortes à S21 par les opposants des Khmers Rouges
Vue sur le premier des quatre bâtiments et sur les tombes des dernières victimes retrouvées mortes à S21 par les opposants des Khmers Rouges

Les preuves de cette terreur elles sont là à S21, la plus tristement célèbre des 190 prisons Khmers Rouges de l’époque.

Pour nous y rendre, nous avons opté pour un tuk tuk. Rapide et pas trop cher, il nous dépose dans une petite rue du centre. On comprend sans peine qu’on est au bon endroit étant donné le nombre de cars alignés contre des remparts de tôle ondulés eux mêmes surmontés de ballots de barbelés. Tout cet atiraillail métallique semble délimiter le musée. Nous apprendrons par la suite, que ce sont ceux d’origine afin de prévenir de toute évasion.

Il y a beaucoup de monde, des touristes surtout venus comme nous pour voir, pour être sûrs que ce qu’on a lu concernant ce site et cette sombre période était vraie.

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une des salles d’interrogatoire se situant au rez-de-chaussée du bâtiment A.

On passe par la caisse, on prend soin de se munir d’un audio guide. Et là, casque sur les oreilles, coupé des bruits alentours, nous sommes plongés sans transition dans une page sanglante de l’histoire de ce beau pays.

Avant d'être un lieu de torture utilisé par les Khmers Rouges, S21 était un lycée. Ici la cour de récréation encerclée par les bâtiments scolaires.
Avant d’être un lieu de torture utilisé par les Khmers Rouges, S21 était un lycée. Ici la cour de récréation encerclée par les bâtiments scolaires.

On est dans une cour d’école, il y a plusieurs bâtiments qui nous encerclent. au centre, il y a des carrés de pelouse bordés d’arbres et des restants d’équipements sportifs. L’endroit est calme, et beau. On peine à croire, qu’à l’intérieur des ces bâtiments se sont perpétrés d’immondes crimes contre l’humanité mais une stèle rouge de l’unesco à l’entrée ainsi que des tombes blanches sont là pour nous le rappeler.

Tout est poignant, à commencer par le narrateur qui nous guide dans l’évolution de notre visite. c’est un jeune homme cambodgien qui a été touché par la perte d’un des membres de sa famille. Il n’est pas le seul, pratiquement tous les cambodgiens ont connus la perte d’un père, d’une soeur ou d’un enfant dans cette tragédie mais leur pudeur leur évite d’en parler. Ils n’oublient pas pour autant bien au contraire.

Un des longs couloirs qui conduit sur une enfilade de pièce d'interrogatoire et surtout d'actes de barbarie.
Un des longs couloirs qui conduit sur une enfilade de pièces d’interrogatoire et surtout d’actes de barbarie.

C’est réellement, en pénétrant dans le premier des 4 bâtiments que nous suffoquons d’empathie. Un enchaînement de salles vides, carrelés avec juste un lit de fer et une boite de munition (servant aux déjections aux prisonniers ) pour seule mobilier. Ces anciennes salles de classe avait été transformé en pièces de torture des Khmers Rouges. C’est là qu’ils menaient des interrogatoires et récoltaient les faux aveux des victimes fatiguées par les coups de leurs bourreaux. A cette époque, tout le monde être coupable. Dès lors, qu’une personne faisait preuve d’intellect, elle pouvait être emprisonnée ici, torturée jusqu’à l’extorsion de faux aveux.

Sur les murs, il y a des photos des malheureux entravés par des fers sur leur lit sans matelas. Bien qu’elles soient en nour et blanc, on devine sanq mal les epaisses flaques de sangs qui suintent des corps inanimés.

Cela nous retourne l’estomac. A l’étage, une exposition nous explique les moeurs des Khmers rouges. De grands panneaux recueillent les témoignages de femmes et d’hommes ayant subi des mariages forcés avec ces barbares. Ils racontent comme par les viols qu’elles ont subi, des enfants sont nés. Tout cela est atroce, cetaines d’entre elles vivant toujours avec leur bourreau.

On continue, on arrive dans le deuxième bâtiment perpendiculaire, et c’est encore un coup de massue. Une succession de salles, dans lesquelles sont montés à l’aide de parpaings et de manière très approximative une multitude de cellules. A peine 2m2, où sont entassés par deux les prisonniers jusqu’à leur funeste sort.
L’air est irrespirable et ce n’est pas figure de style. Les accès aux aérations sont largement obstruées et cela volontairement bien entendu.

On ne peut pas vous raconter tous les détails sordides de cruauté mis en place par les Geôliers envers leurs victimes tant ils sont nombreux.

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Alors que déjà très éprouvés, nous terminons cette journée par la visite du dernier bâtiment. Dans la même veine, on nous présente la vie du camps, les instruments de tortures. Et pire, on nous confronte aux portraits photo des victimes à leur arrivée à Tuol Sleng…et juste après les mêmes personnes photographiées à leur mort. C’est un moment dur. Peut-être le plus dur.

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Ici, les cellules en briques montées à la va vite par les khmers rouges. A peine 2m2 sans aération.

Quand on ressort de là, on est plus les mêmes. On a même du mal à débrieffer tout de suite entre nous.

12 rescapés seulement de cette prison ont pu témoigner de la barbarie des Khmers, cette barbarie qu’on ne soupçonne pas dans des archives manuscrites.

On était venu pour voir et pour comprendre surtout comment une telle chose avait pu se produire.

C’est certes avec quelques pistes de reflexion que nous repartons mais surtout avec une volonté de faire connaître cette terrible réalité au plus grand nombre pour que cela ne se reproduise pas, plus jamais !

En espérant vous avoir au mieux fait partager notre ressenti, tous vos commentaires sont les bienvenus.

ℹ️  INFOS PRATIQUES

– l’entrée est à 6€ sans audio guide 💰
– 1 audio guide coûte 3€ et est franchement indispensable pour comprendre l’histoire des lieux 
– preferez le milieux fin d’après-midi pour visiter car il fait très chaud dans certaines pièces
– visite compliquée avec des jeunes enfants.
– essayer de combiner la visite de Killing Fields après la visite de S21 (suite logique et presque indissociable … Voici d’ailleurs notre article à ce sujet)
– comptez 2 heures pour une visite sereine. ⏰
– fermeture 17h30 mais admission possible jusqu’à 17h00 (vérifier tout de même avant de vous y rendre)